Fracture du Calcanéum

Le calcanéum est l’os le plus volumineux du pied. Il se situe dans ce que l’on nomme couramment le « talon ». L’os du talus est situé au-dessus ; l’os cuboïde et l’os naviculaire sont situés devant lui. Son rôle est bien sûr primordial à la marche. C’est le carrefour des mécanismes de propulsion, il amortit l’impact au sol, et il stabilise le pied au sol.
Si on regarde les registres des urgences, cette fracture survient souvent à la suite d’une chute d’une hauteur élevée, dont les chutes domestiques (chute d’escalier) ou plus rarement lors d’un accident de la voie publique.

Bilan

Une radiographie et un scanner permettent de confirmer le diagnostic et de prévoir éventuellement la chirurgie.

Traitement

En cas de déplacement important ou de mauvaise congruence articulaire entre le talus et le calcanéum, une chirurgie vous sera proposée.
Cette fracture mal réduite et mal stabilisée accentuera les douleurs surtout au chaussage et à la marche. Elle accélérera l’évolution vers une arthrose dans les articulations ayant été touchées. La chirurgie a pour objet de rassembler de manière précise les pièces du « puzzle » fracturaire, par une fixation rétablissant au mieux l’anatomie de l’os calcanéus.
La chirurgie est réalisée sous anesthésie générale ou locorégionale. Une cicatrice est réalisée sur la face latérale de la cheville en dessous de la malléole latérale. Parfois de simples petites incisions d’un centimètre suffisent à passer des vis en « percutané » si la fracture se prête à cette technique. Les fragments osseux sont repositionnés de façon la plus anatomique possible. Ils sont fixés par une plaque, des vis, voire par des broches suivant les circonstances.

Ces différentes solutions pouvant être associées entre elles. Des gestes complémentaires peuvent être nécessaires en fonction des lésions associées.

Les suites

Le lever est autorisé avec des cannes le jour même sauf avis contraire du chirurgien, mais l’appui est interdit pour ne pas déplacer ce qui a été réduit. La cheville est immobilisée par une botte attelle ou un plâtre pour une durée classique de 90 jours (variant de 6 à 12 semaines suivant l’évolution de la consolidation). Vous devrez suivre un traitement préventif des phlébites pour la durée de l’immobilisation sans appui sur le membre opéré.

L’hospitalisation est de quelques jours suivant la situation.

La cheville doit être maintenue surélevée le plus possible et de la glace sera appliquée pour limiter l’œdème et l’hématome.

En fonction des radiographie, une fois l’immobilisation retirée, la rééducation débute.

Massages et drainage lymphatique
J8 – J21 : mobilisation de l’articulation tibia-talus passive puis active
J75 – J90 : appui partiel en piscine, appui contact statique.
J90 – J120 : appui complet, proprioceptif bipodal
Après 4 mois : abandon des cannes, proprioceptif monopodal talonnette viscoélastique, chaussure de sport

La durée d’arrêt de travail sera fonction de la consolidation et de votre activité professionnelle : entre 6 et 12 mois.
Le matériel mis en place doit en général être retiré après 1 an car il est source de conflit et de douleur au chaussage.

Complications

Les plus fréquentes

Comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul, il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical.

La phlébite peut survenir en dépit du traitement anticoagulant préventif. Il s’agit d’un caillot qui se forme dans les veines des jambes. Sa prévention a pour but de limiter le risque d’embolie pulmonaire par migration d’un caillot veineux.

L’enraidissement articulaire (perte de mobilité des articulations adjacentes) est classique après toute fracture articulaire et nécessite une prise en charge kinésithérapique afin de retrouver une mobilité normale.

Les complications cutanées, si une voie d’abord classique (non-percutanée) est nécessaire, existent, avec des retards de cicatrisation, des phlyctènes, voire des nécroses cutanées. Les soins locaux prolongés suffisent dans la majorité des cas.

Les douleurs sur les tendons fibulaires par frottement sur le matériel sont classiques avant retrait du matériel.

L’arthrose des articulation adjacentes peut survenir malgré toutes les précautions citées ci-dessus.

La pseudarthrose (non consolidation) peut demander une réintervention si elle est douloureuse.

L’infection peut nécessiter une réintervention.

La consolidation osseuse demande 90 jours minimum ; celle-ci peut être plus longue. De même, un déplacement secondaire des fragments osseux peut être observé et parfois nécessiter un repositionnement chirurgical.

Une algodystrophie peut aussi s’observer. Il s’agit d’un phénomène douloureux et inflammatoire traité médicalement. Il peut durer plusieurs mois (voire parfois quelques années), entraînant une prise en charge particulière avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois gestion spécifique de la douleur. L’algodystrophie est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.

Les séquelles à type d’affaissement et d’élargissement du talon peuvent survenir même si l’objectif de la réduction chirurgicale est de prévenir cette évolution.

La liste n’est pas exhaustive et une complication exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité de résultat.