Ostéonécrose de la tête fémorale

QU’EST CE QUE C’EST ?

L’ostéonécrose aseptique de la tête fémorale (ONA) est une pathologie mécanique fréquente de la hanche. Il s’agit de la mort d’une portion plus ou moins volumineuse de la tête du fémur secondaire à des troubles de la vascularisation osseuse, entrainant progressivement une déformation de l’articulation et, à terme, une arthrose secondaire de la hanche (coxarthrose secondaire).

QUELLES SONT LES CAUSES ?

L’ONA peut être primitive (c’est-à-dire qu’on ne retrouve pas de cause) ou secondaire à un ou plusieurs facteurs de risque comme :

  • les traumatismes (fracture de la tête ou du col du fémur, luxation de hanche…)
  • certains médicaments comme les corticoïdes
  • certains toxiques notamment alcool
  • certaines pathologies : maladie des caissons hyperbares, maladie de Gaucher, Radiothérapies, Chimiothérapies, hypertriglycéridémie…

SYMPTÔME (SIGNES CLINIQUES)

L’ONA de la hanche est une pathologie évoluant progressivement avec des épisodes de poussées douloureuses. Les douleurs siègent le plus souvent au niveau du pli de l’aine mais peuvent également être plus latérales. Elles surviennent lors des activités physiques comme le sport, la marche, la montée/descente des escaliers ou même lors des activités sexuelles.

DIAGNOSTIC / CLASSIFICATION

Le diagnostic d’ostéonécrose de la tête fémorale est fait le plus souvent sur les examens radiographiques standards. Il peut être nécessaire de recourir à l’IRM de hanche dans les cas débutants au cours desquels les radiographies sont normales. L’avantage de l’IRM est également de dépister une éventuelle ostéonécrose sur la hanche controlatérale qui peut être asymptomatique (sans qu’aucun signe clinique ne se fasse ressentir)

L’ONA évolue en plusieurs stades radiologiques correspondant à la classification de FICAT (ci-contre) :

  • St 1: radiographies normales (ONA visible seulement à l’IRM)
  • St 2: ONA visible à la radiolgraphie et sphéricité de la tête fémorale conservée.
  • St 3: perte de sphéricité de la tête fémorale
  • St 4: coxarthrose secondaire à l’ONA.

TRAITEMENT MÉDICAL

Le traitement médical de l’ONA ne permets pas de limiter la progression de la maladie, il est donc réservé aux patients ayant des contre-indications à l’anesthésie ou chez lesquels une intervention chirurgicale pourrait être trop risquée. Il est également de mise dans l’attente de l’intervention chirurgicale.

Le traitement de l’ONA repose essentiellement sur le traitement de la douleur et sur la mise en décharge de l’articulation. Pour cela, le patient doit marcher avec des cannes anglaises en limitant au maximum l’appui sur sa hanche pathologique pour éviter qu’elle ne se déforme d’avantage. Cette mesure n’est utile que dans les stades précoces de la maladie (St 1 et 2 de FICAT) pour lesquels un traitement chirurgical conservateur est envisagé.

Le traitement de la douleur repose sur les antalgiques (paracetamol, tramadol, codéine, morphine…) et sur des cures courtes d’anti-inflammatoires Non Stéroïdiens (AINS) lors des poussées douloureuses.

TRAITEMENT CHIRURGICAL, SUITES POST OPÉRATOIRE ET LES COMPLICATIONS

Dans les stades 1 et 2 de FICAT, lorsque la tête fémorale est encore sphérique, et dans les ONA de petite taille, le traitement chirurgical est conservateur. Il est possible d’effectuer un forage du col du fémur afin de rétablir une néo-vascularisation de la tête fémorale et de diminuer la pression intra-articulaire de la hanche. Ce forage s’effectue le plus souvent sous anesthésie générale. La cicatrice se situe à la face latérale de la cuisse, le forage est effectué sous contrôle radiographique et doit aboutir dans la zone de nécrose de la tête fémorale. Il est possible d’effectuer un forage simple ou associé à une greffe de moelle osseuse ou d’os spongieux au seins de la zone de nécrose.

Les forages de hanche sont réalisés lors d’une hospitalisation courte ou en ambulatoire lorsque les conditions sont optimales. Les soins de pansement sont à effectuer par une infirmière deux fois par semaine et les agrafes sont à retirer au 15ème jour postopératoire. L’appui est soulagé par deux cannes anglaises pour une durée de 1 mois afin de diminuer le risque de fracture du col du fémur. Une anticoagulation préventive (piqûres contre les phlébites) est mise en place pour cette période (avec un contrôle hebdomadaire du taux de plaquettes à fournir à votre médecin traitant) et la mobilisation n’est pas limitée. Si de la rééducation est nécessaire, celle-ci sera prescrite par votre chirurgien lors de la consultation de contrôle 1 mois après l’intervention.

Les complications possibles :

  • La fracture du col du fémur est le risque le plus important du forage de hanche. Cette fracture peut survenir en cas de chute ou de traumatisme de la hanche, ce pourquoi la marche doit être protégée par deux cannes anglaises durant un mois en postopératoire.
  • L’infection du site opératoire est un risque qui est évité au maximum par les mesures d’hygiène encadrant votre intervention mais il ne peut être nul.
  • L’os étant une structure bien vascularisé, il est possible qu’un hématome postopératoire se constitue dans les suites d’un forage de hanche. Il nécessite alors de soulager la douleur par les antalgiques et d’appliquer de la glace sur la hanche. En cas d’hématome volumineux, il peut être nécessaire de l’évacuer lors d’une nouvelle intervention chirurgicale.

Lorsque la tête fémorale n’est plus sphérique ou que la zone de nécrose est trop volumineuse, il est nécessaire de réaliser une arthroplastie totale de hanche (prothèse de hanche) visant à remplacer l’articulation de la hanche.